Petite souris s'est faite attraper... (Callie)

Ambiance siouplé !

San ?

Sojiro observe son double revêtir sa tenue de moto. Élément par élément, le japonais se recouvre d'une carapace de cuir. Les bottes à bout métalliques viennent remplacer ses baskets. Un sur pantalon de peau renforcée aux articulations est zippé pour galber ses jambes longues et musclées. Dernier élément, le lourd blouson aussi noir que le reste de sa tenue qui vient encadrer ses épaules carrées.

Le journaliste agite la main sous le nez de son frère après avoir vérifié qu'ils sont seuls dans les garages. Celui ci garde obstinément les yeux fixés sur son bolide, ignorant royalement son jumeau qui arpente le sol autour de lui comme un lui en cage. Enfin, un geste arrête sa préparation, un poing vient de heurter son torse, sans douceur.

Hey crétin tu m'écoutes ?
...
Qu'est ce que tu prépares comme connerie un dimanche matin ?
Balade !
Tu vas te promener après avoir été déposer un certificat à l'étage administratif ?
Ça te regarde ?
Te connaissant ça pourrait bien attirer des ennuis alors oui ! Dis moi au moins où tu vas !
T'as personne d'autre à couver ? Je suis certain que ta jolie collègue serait ravie !
La ferme baka Wanko !
Applique le principe pour toi même et tout ira bien dans le meilleur des mondes !

Derniers mots prononcés avant de retomber dans un mutisme buté. Le casque d'ébène aux discrets dessins indigo vient recouvrir ses traits après que ses cheveux eurent été attachés avec une corde de cuir.

Clé sur le contact, dernière étape avant de commencer le projet qu'il a établi mentalement depuis une semaine. Le souvenir d'une phrase bien connue lui arrache un sourire en coin et une lueur troublante au fond des prunelles... « Si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet ira à la montagne... ». Jiro, lui, vient d'apercevoir l'expression de son reflet alors que celui ci chevauche son bolide, prêt à mettre le contact.

Le monstre de métal rugit une première fois d'un coup d'accélérateur. Le Neko vient se poster face à la roue avant de la MV Agusta d'un air décidé, bras croisés.

Je connais ce sourire... Je ne sais ce que tu prépares mais oublie ça tout de suite !

Pour toute réponse, la visière fumée se voit baissée dans un claquement sec doublé d'un nouveau cri du moteur pour l'avertir et l'inviter à se pousser. Quelques secondes durant, il hésite, garde la posture. A travers la pièce protectrice, leurs regards se croisent, aussi sombres l'un que l'autre, il reconnait la détermination froide dans ses prunelles, au moins égale à la sienne. Un pas sur le côté, la roue avant se lève légèrement et déjà seul le ronflement du moteur est témoin de la présence quelques secondes auparavant de Saniiro sur les lieux.

Le centaure de cuir et de chromes émerge rapidement à la lumière froide du soleil d'hiver. A cette heure, les rues de Manhattan sont encore presque désertes, les fêtards du samedi venant probablement de se coucher.

Il s'arrête enfin à une centaine de mètres du kiosque Starbucks, sur le trottoir opposé et attend. Il sait qu'elle viendra, il ne pourrait en être autrement, tout la semaine il a pu observer ses petites manies.

Deux minutes plus tard, une jeune femme brune en manteau de cachemire émerge de la Life Tower avec un large sourire, se réjouissant probablement d'avance de cette dose de caféine qu'elle s'apprête à aller absorber.

Enfin, ses pas la mène à proximité du passage piéton qui lui fait face. Elle pose un premier pied dessus à l'instant exact où Saniiro donne un coup d'accélérateur pour se projeter en avant, visière relevée.

La seconde de leur rencontre semble s'allonger, le temps se ralentit. Au bruit du moteur, elle s'est retournée, effrayée par ce bolide qui lui fonce dessus. Il l'évite au dernier moment, faisant glisser sa roue arrière de façon à lui barrer le chemin. Elle ouvre la bouche pour parler mais est interrompue.

La main gantée du motard vient de saisir son poignet. Leurs regards se croisent une fraction de seconde, suffisamment pour que le doute sur son identité s'insinue en elle, la laisse pantoise. Doute qui permet à Saniiro de la tirer en avant, la menant à s'installer derrière lui par des mouvements secs et fermes.

Instinctivement, malgré sa crainte, les bras de Callie viennent entourer la taille de son kidnappeur juste à temps pour se raccrocher à lui en pleine accélération. Déjà, les rues du centre de la Grosse Pomme défilent à toute vitesse, s'éloignant. Sentant ses tremblements et son corps crispé contre son dos, son visage enfoui dans le cuir de sa veste, il pose une main de réconfort sur ses doigts joints sur ses abdominaux.

Si aucune parole n'est échangée, la crispation de ses muscles se modifie presque imperceptiblement... instinctivement, elle sait qui est l'homme à la moto...

Ambiance ....

La moto file à tout allure tel un boulet de canon et rien se semble vouloir l’arrêter … Ni les voitures, ni les kilomètres qu’elle avale, ni sa passagère qui tremble de peur cramponnée de toutes ses forces à la taille de son ravisseur …

Dans un tourbillon de vitesse et d’adrénaline, le conducteur fait corps avec sa moto, s’éloignant à toute vitesse de l’agitation de la grande ville … Tout vêtu de noir, il ressemble à un démon sortis tout droit de l’enfer …

Les rares passants qui ont l’occasion de les voir passer sont saisis par le contraste qu’il offre avec sa passagère …. Blottie contre son dos, sa longue chevelure d’ébène se déployant comme un étendard, elle est d’une beauté magnifique … Irréelle … La comparaison avec un ange frappe tout de suite les esprits quand le vent fait se déployer les pans de son manteau blanc comme deux ailes prêtes pour qu’elle prenne son envol …

Mais l’ange est prisonnier de cette équipée sauvage décidée par le démon …

Elle ne peut que s’accrocher à lui et subir cet enlèvement surréaliste …. L’allure du bolide et le vent qui lui fouette le visage lui rappelle qu’elle ne rêve pas et que c’est bien elle qu’on vient d’enlever en pleine rue à quelques mètre seulement de la grande tour …

C’est forcément une erreur mais comment faire comprendre à cet homme qu’il s’est trompé ?

A cette vitesse, aucuns dialogue n’est possible et la brusque accélération de la moto lui arrache un cri de terreur qui la fait se serrer un peu plus encore contre lui ….

Mais bizarrement, ce n’est pas de lui qu’elle à peur mais plus de l’allure à laquelle ils vont ….Lui, elle a l’impression de le connaitre sans arriver à se souvenir où elle la rencontrer ….

La main réconfortante qui se pose à cet instant sur la sienne renforce encore plus ce sentiment et oubliant un instant sa peur, Callie se creuse la cervelle pour savoir qui serait assez fou pour commettre un tel acte …..

Un nom lui traverse l’esprit mais elle le chasse presque aussitôt … Non … Ils ne se connaissent pas assez pour qu’il agisse de la sorte …

Et surtout, pour quelle raison ferais t’il une chose pareille ?

Le froid qui s’infiltre dans son manteau fait frissonner violement Callie qui n’est pas équipée pour une telle balade …. Comme s’il venait de prendre conscience de ce fait, le conducteur fait soudain ralentir sa moto pour s’immobiliser presque aussitôt sans pour autant arrêter le moteur…

Le paysage autour d’eux est celui d’une campagne froide et désolée battue par les vents froids de décembre …. Dans cet endroit et loin des lumières de la ville, Callie se sent perdue … Isolée …

Elle ne reconnait rien et la peur prend lentement possession d’elle, lui enlevant le peu de calme qui lui reste.

Où sommes-nous et qu'est ce que vous voulez ?

Le conducteur qui a rabattus la visière de son casque ne répond pas et se tournant vers elle, lui tend en silence un casque de moto. S'en est trop pour Callie qui sent les larmes perler à ses yeux .... Elle à froid, peur et ne comprend pas ce qui lui arrive ....

Mais répondez moi !!! Qui êtes vous ?

Lui ne répond toujours pas comme attentif à la moindre de ses réactions ....
Callie regarde autour d'elle ... La tentation de fuir est forte …. Tentante … Mais avant qu’elle ne puisse mettre son plan à exécution, l’homme prévenus par un sixième sens, remet les gaz, lui laissant juste le temps d’attraper le casque et de le mettre ….

S’accrochant de justesse à lui avant de partir à la renverse, Callie est en colère de ne pas avoir saisi sa chance et elle se met à prier pour que cette folle chevauchée se termine au plus vite ….

Qui sait de quoi se dingue est capable ? ….

Seo Min Young - The Devil instrumental

Le paysage urbain s'est éloigné depuis une bonne heure, c'est à présent la rase campagne enneigée qui défile autour d'eux à une vitesse vertigineuse. Néanmoins, il ralentit l'accélération, conscient des risque sur ces chaussées moins entretenues que celles de la métropole.

Ça et là, des maisons isolées apparaissent pour se fondre aussitôt dans ses rétroviseurs. La pression autour de sa taille s'accroit de plus en plus proche de l'étranglement. Elle a peur, il en est conscient mais ne peut se résoudre à s'arrêter. A l'idée qu'elle puisse s'échapper de cette journée qu'il a prévu avec soin, la colère flambe en lui.

Une accélération soudaine en témoigne... courte, intense... rapidement interrompue.

Sans que rien ne l'y prépare, Callie sent son ravisseur se crisper sous son épaisse combinaison de cuir. Elle comprend quand une sensation lui fait dresser les cheveux sur la nuque, comme une sorte d'apesanteur. Leur envolée sur le bitume s'est soudainement interrompue.

Des jurons en japonais sont prononcés entre deux mâchoires serrés. Les mouvements de Saniiro sont précis, adroits mais l'engin est aussi lourd que puissant, amoindrissant les résultats de ses réactions proche du réflexe tant il a la maitrise de la mécanique.

Ils glissent sur le macadam, inexorablement, comme attirés par le vide sur le côté de la route, à peine protégé par une barrière d'herbe blanchie par la neige. Jusqu'au dernier moment, il a gardé sa main sur les siennes pour la rassurer, reculant au maximum l'instant où il devra rompre ce contact.

Celui ci est arrivé, dans l'urgence, ses doigts viennent se serrer autour du guidon, il n'a plus le choix et doit tenter le tout pour le trou. Un coup d'œil au rétroviseur lui révèle la plaque de verglas qui est la cause de tout, fine et chatoyante, magnifiquement dangereuse.

Son corps s'arque, se levant presque sur la lourde Augusta pour compenser le balancier qui les fait inexorablement basculer sur le côté. Si lui est équipé pour résister à un dérapage sur la route, le manteau en cachemire de la jeune femme n'est pas une protection suffisante. S'il est près à tout risquer seule, la mettre en danger est hors de question.

Tout sauf ça !

Le cri qu'il vient de pousser la fait sursauter dans sa panique. Autant pour se motiver et rassembler ses forces que pour la rassurer, son attitude se modifie littéralement en cette instant. Leur chute semble se passer tout à coup au ralenti, les secondes ralentissant.

Le corps du japonais s'assouplit, passant de centaure faisant corps avec le métal à combattant contre le monstre de mécanique qui les attire vers une mort irrémédiable. Leur mouvement s'inverse, résultat de cette lutte. D'un coup de force, ses jambes inverse la direction en faisant chasser l'arrière de la moto.

Pour accentuer le changement de direction, il sert les freins, à s'en rendre les doigts gourds de douleur. La perte de vitesse brutale les propulse en avant, c'est à présent une congère qui leur fait face, plus accueillant réceptacle pour leur atterrissage. Cependant, s'ils restent ainsi, le poids du bolide pourrait faire de gros dégâts, si dans sa panique, elle n'est pas consciente de ce détail, lui ne l'est que trop.

A nouveau, le temps reprend ses droits et son déroulement normal, la catastrophe est évitée de peu mais pas assez pour lui. Elle doit sortir indemne, quel qu'en soit le prix pour lui. Fort de cette résolution, il passe à l'action, faisant fi des réactions de l'assistante qui dans la panique semble refuser de le lâcher.

Sans ménagement, il écarte un à un l'étau de ses doigts pour se saisir de son bras et la hisser sur son dos. A présent, la moto est sans contrôle, il s'est concentré sur Elle, uniquement sur Elle, abandonnant son trésor sans même y penser.

Une dernière fois, il se redresse sur l'engin, la jeune femme hissée contre lui. Ses mains la retiennent contre le cuir de son blouson avec fermeté. Une impulsion puissante, dernier contact avec le métal et c'est à présent le vide qui les accueille.

Durant quelques longues secondes, ils effectuent un vol plané, laissant l'Augusta s'éloigner vers la congère qui l'arrête définitivement. S'il a calculé son saut, en revanche, ce qu'il a omis de prévoir c'est la perte de vitesse que leurs deux masses causeraient. Leur chute se ralentit encore mais trop loin tandis que c'est le sol qui se rapproche de son torse plutôt que la neige et son manteau protecteur.

En dernier réflexe de survie, il bande les muscles de ses bras pour offrir ses avants bras en premier contact avec le sol dur et froid, épargnant ses côte. Lorsqu'ils heurtent la goudron, le jeune homme le souffle coupé par le choc. Une pensée jaillit dans son esprit et se forme malgré lui sur ses lèvres tandis qu'il sent la poitrine de Callie se soulever avec rapidité avant que les brumes ne prennent possession de lui.

Elle n'a rien...

La jeune femme, sous le choc, semble prendre soudainement conscience de l'immobilité de son ravisseur sous elle et se dégage sur le côté. Perdue et effrayée, elle garde néanmoins à l'esprit que pendant les quelques secondes qu'ont duré l'accident, si elle a eu peur, elle sait qu'il a tout fait pour sa propre sécurité, sans se soucier que lui souffre ou non.

Allongé, face contre terre, son absence de réaction l'alarme. Elle arrache l'attache de son casque et de celui du pilote avant d'ôter le sien pour retourner celui ci, sa respiration saccadée. La visière du démon n'est plus qu'une plaque de plastique fendue en deux et râpée par le macadam. Prenant garde de ne pas le faire bouger outre mesure, elle pose les mains de chaque côté de la protection et commence à tirer pour le lui enlever...

Ambiance ...

Assise à même le sol dans le froid et la neige, Callie est terrifiée … Comment ne pas l’être quand on vient de réchapper de peu à un accident et que l’on se retrouve seule avec un homme inconscient au milieu de la route ….

Essayant de son mieux de ne pas paniquer, Callie tire doucement sur le casque qui protège encore la tête du conducteur en espérant qu’il n’est rien de grave … Quand enfin elle découvre le visage de son ravisseur, elle reste un instant sans voix avant d’exploser littéralement de colère.

Mais c’est pas vrai d’être aussi stupide !!!! Comment vous avez put faire une chose pareille !!!

Bien sur l’homme qui git inconscient sur le sol gelé ne peut lui répondre et c’est tant mieux car cela lui laisse le temps de se reprendre.

Ce qui l’a rassure un peu sur son état, c’est le petit panache de fumé qui sort lentement de sa bouche …. Jetant un regard autour d’elle pour trouver du secours, Callie soupire … Dans cet endroit isolé de tout, il ne risque pas d’être secourus et encore moins de voir une voiture croiser leurs route !!!

Revenant à Saniiro, Callie se penche vers lui pour déplacer délicatement une mèche de cheveux égarée sur son front. Le froid qui la fait frissonner n’est rien comparé à la peur qu’elle éprouve à l’idée qu’il ne se réveille pas …. Elle donnerait tout à cet instant pour voir son regard malicieux se poser sur elle et entendre son rire …

Saniiro … San … Réveille toi … Ne me laisse pas toute seule ….s’il te plait ….

Les mots se bousculent sur les lèvres de Callie et dans la panique le vouvoiement est vite remplacé par le tutoiement …. Les larmes qui coulent maintenant le long de ses joues ne semblent jamais vouloir s’arrêter … Flot continu d’un trop plein d’émotions trop longtemps retenu ….

Soudain un gémissement la fait sursauter et c’est avec soulagement qu’elle voit les paupières du jeune homme papillotaient avant de s’ouvrir lentement.

La grimace qui tord ses traits un instant remplis de peur callie qui pose une main inquiète sur son bras.

Saniiro …Ça va ?

Le regard de Saniiro se pose un instant sur le visage de Callie, le parcourant cm par cm comme pour vérifier qu’elle n’a rien puis un soupir lui échappe …

Oui … Juste un peu sonné … et vous ça va ?

Sa voix un peu rauque arrache encore plus de larmes à la jeune femme et un rire presque hystérique la secoue toute entière …

Oui … Oui je vais bien ….Grâce à vous ..

Les yeux humides, elle l’aide doucement à s’asseoir et le regarde avec attention, surveillant le moindre signe de faiblesses. Voyant Saniiro essayer de se remettre debout, Callie le retient par le bras.

Non … Il ne faut pas bouger …. Vous avez peut être une commotion …

Saniiro, ignorant la jeune femme se relève et s’éloigne déjà d’une démarche raide vers sa moto couché sur le flanc pour la redresser rapidement. Pour une personne extérieure à la scène, rien de montre que quelques minutes plus tôt, cet homme gisait sans connaissance sur la chaussée ….

Callie se redresse à son tour et se poste non loin de Saniiro, bien décidée à lui faire entendre raison ….

Qu’est ce que vous faites ?

Saniiro ne prend même pas la peine de lui répondre et faisant le tour de son engin, vérifie que tout fonctionne malgré la lourde chute que viens de subir l’Augusta.

Ho je vous parle !!! Vous pourriez répondre au moins !!!
Je vérifie que tout fonctionne correctement ….
Quoi !!! Il est hors de questions que je remonte sur votre moto !!! Vous avez bien faillit nous tuer avec vos délires et vous voudriez que je ….. Alors là non !!!

Sans s’occuper des remarques plus que justifiées de la jeune femme, Saniiro revient vers elle pour récupérer le casque de la jeune femme. Lorsque qu’il lui tend, Callie l’ignore superbement …

Poussant alors un soupir de lassitude et sans que Callie ne puisse esquisser le moindre geste, Saniiro saisit la jeune femme à bras le corps et la jette sur son épaule comme un vulgaire sac de pommes de terres. Le souffle coupé, Callie n’ose pas protester et se laisse sagement déposé sur le siège arrière de la moto …. L’idée de le bourrer de coup de poing lui à bien traversé l’esprit mais qui sait si le frapper ne déclencherait pas des blessures internes.

Attrapant rageusement le casque qu’il lui tend sans un mot, Callie jure de se venger plus tard de ce traitement. L’image d’un Saniiro pendu par les pieds lui arrache un petit rire et elle anticipe déjà le moment où elle pourra à son tour le faire souffrir….

Soudain une pensée moins réjouissante percute le cerveau de la jeune femme et les frissons qu’elle ressentait à cause du froid redoublent de violence … York … Ho mon dieu !!! C’est certain, cette fois ci elle va y passer !!!

A l’heure qu’il était, York devait déjà être en train d’aiguiser ses couteaux pour lui trancher la gorge ...

Il faut absolument que je rentre sinon York va me servir à diner à son chien !!!! Allez, dépêchez vous !!!

Malgré les accents hystérique dans la voix de Callie, Saniiro reste d'un calme olympien et sors tranquillement une paire de lunettes de soleil de son blouson pour les mettre sur son nez . Ce calme met l’assistant hors d’elle …

Mais vous êtes sourd ma parole !!! Je viens de vous dire que York allait me tuer et ….
Ne vous en faites pas pour York, c’est arrangé.
Arrangé ? Mais non, il faut absolument que nous rentrions !!!

Comme convaincu par les cris de la jeune femme, Saniiro démarre sans plus discuter la moto et Callie soupir de soulagement en passant de bonne grâce cette fois ci ses bras autour de la taille de son ravisseur. Mais le sourire de victoire qui étire ses lèvres ne dure pas plus d’une minute quand elle entend les paroles du jeune homme..

Bien sur que nous allons rentrer …. Mais plus tard !!!

Et dans un bruit assourdissant, l’Augusta bondit en avant, emportant une nouvelle fois la pauvre assistante vers une destination inconnue …

Ambiance

A toute vitesse, les routes défilent, les panoramas aussi. Les multiples petites villes de campagne et les vallées des environs les plus proches de New York laissent place à des monts qui s'accroissent à mesures que se déroulent les kilomètres de bitume sous leurs roues.

Plus le temps passe, plus il sent la pression des bras de Callie se resserrer autour de lui, le froid mordant pénétrant sous ses vêtements peu adaptés à la situation. Qui plus est, le choc de leur accident, malgré sa fierté et son orgueil qui ont pris le dessus, ne doit pas être innocent dans les tremblements qu'il a senti contre son dos depuis lors.

Lui même a à présent grande hâte d'arriver à destination. Si aucune blessure n'est à déplorer malgré leur vol plané spectaculaire, il sent ses muscles raidit par les conditions auxquelles il les a soumis, contraction amplifié par le froid qu'il ne sent pas mais devine.

Sans casque, ses cheveux d'ébène noués par un lien de cuir dans sa nuque s'échappe par petites mèches pour lui battre les tempes. Ses larges lunettes de protection lui couvrent les yeux empêchant le vent glacial de lui assécher totalement les rétines mais n'apporte pas la même couverture qu'un casque. Ses oreilles sifflent à chaque virage, bourdonnement désagréable dont il se passerait volontiers.

Légère décélération... ils dépassent un panneau qu'elle n'a pas le temps de lire mais que lui connait bien... Adirondacks. La route se fait plus pentue, dégagée par les chasses neige, montant à flanc de rochers entre les congères plus hautes qu'eux qui masque le panorama. Arrivés au sommet, il ralentit sensiblement et pose une de ses mains gantées sur celles de l'assistante pour attirer son attention, lui désignant les alentours.

A perte de vue, des montagnes... la Chaine des Appalaches se dessine pour eux dans ses plus beaux atours hivernaux... immaculés de neige, comme inviolés par la main humaine. Contre son dos, il la sent sortir de sa torpeur pour s'émerveiller, ainsi que lui même le fait, pourtant rompu de cet enchantement...

Le chemin s'étrécit alors qu'il repart, non sans lui avoir décroché un sourire plein d'innocence devant cette joie simple qu'il est heureux de lui faire partager. Les arbres se resserrent, formant petit à petit des bois, ça et là, autour d'eux, obscurcissant leur horizon, ôtant enfin cette maudite réverbération sur la poudreuse qui contraint Callie à garder les paupières closes depuis le début de leur ascension malgré la magnificence qu'elle a pu apercevoir.

A peine, s'est elle rendue compte du changement de luminosité qu'ils ralentissent pour de bon, apparemment au milieu de nul part. La moto finit par s'arrêter, souplement, sans a coup, sous la maitrise de son pilote.

La béquille temporaire posée, il l'invite à descendre d'une pression sur ses bras. Lentement, raidie par le froid, elle déplie une jambe et la passe par dessus le monstre chromé pour s'écarter sans tarder, heureuse que leur périple parvienne, apparemment, enfin à sa fin. Saniiro soulève d'un geste expert le lourd bolide pour le caler sur son pied et rejoindre sa passagère en un bond souple, presque félin, malgré ses membres légèrement douloureux.

Prévenant, il s'approche d'elle, ôtant ses gants d'un geste sur pour venir l'aider à déverrouiller la sécurité du casque avec laquelle ses doigts gourds se battent. Il sent remonter une vague de fureur à travers la visière qu'il s'empresse de lui retirer. La flamme au fond de se regard s'anime, à l'instar d'un brasier prenant au vent, s'étoffant et se réchauffant. S'il était iceberg, il serait déjà devenu vapeur...

Cependant, alors qu'elle s'apprête à lui dire vertement le fond de sa pensée, sa mâchoire inférieur reste en suspend, comme celle d'une marionnette dont on aurait coupé le fil. En effet, elle peut enfin voir ce paysage qui justifie toute cette route et tous ces kilomètres... Une poudre immaculée recouvre un chemin vierge de toute trace, sillonnant à travers les arbres...

Petite souris s'est faite attraper... (Callie) Winter10

Nous y sommes presque...

Regard nouveau aux alentours... vierges de toute trace de vie... humaine ou animale...

Où sommes nous ?
Si je le dis... il n'y aura plus de surprise non ? Juste quelques minutes de marche !
Pardon ?
Allez ... Jouez le jeu ... s'il vous plait ... je vous garantie que dès que nous serons arriver, vous ne regretterez pas notre périple...

C'est presque sur un ton de petit garçon suppliant devant une friandise qu'il assène ses mots... La flamme vacille... elle baisse la tête, sourire aux lèvres, amusée malgré tout par ce personnage tout sauf banal...

Il lui tend une main qu'elle saisit, nichant ses doigts dans les siens pour y puiser un peu de chaleur. Avec lenteur, la marche commence. La neige lui bloque les pieds, gênant ses mouvements. Elle trébuche une première fois... il la rattrape par un bras... elle grommelle... reprend la marche. L'ascension se poursuit, il l'encourage de mots à demi prononcés, souvent tués dans l'œuf par un regard mauvais...

Une branche sous la neige... Elle trébuche pour de bon et s'étale de tout son long, malgré l'énergie déployée par San pour la rattraper. La petite brune se retourne et s'assoit dans la neige, tapant du poing comme une gamine sur la poudreuse.

Ça suffit ! Ramenez moi à New York ! JE VEUX RENTRER !!!!!!!!!!!!!!

Son cri résonne dans le silence de la forêt. Au loin, lui voit la fumée, signe du prochain réconfort qui les attend.

Courage ! Deux minutes... pas plus ... je vous le promets !
Non ! Je resterais là jusqu'à ce que vous me juriez de me ramener à GOS.TV !

Il la toise, bras croisés sur son torse, sourire en coin... Dans un geste rapide et précis, il fond sur elle comme un rapace sur la petite souris qui lui servira de déjeuner. Avant d'avoir eu le temps de dire ouf, elle se retrouve dans le creux de ses bras, reprenant ainsi l'ascension. L'envie de le pétrir de coups de poing ne lui manque pas, toutefois, entre la chaleur de son torse et l'humidité de la neige, elle a fait son choix !

Quelques minutes plus tard, il la repose enfin, lui masquant les yeux d'une de ses larges mains. Son nez effleure sa chevelure brune, libérée du bonnet qu'elle s'est revissée sur la tête, tombée sur le chemin.

Bienvenue dans un petit bout de paradis... loin de la pression ou de la tyrannie d'une patronne hitlérienne...

Devant elle, c'est effectivement un petit bout d'éden immaculé qui se déploie... De part et d'autre, le paysage est féérique...

Petite souris s'est faite attraper... (Callie) Just_a10

Petite souris s'est faite attraper... (Callie) Lily_w10

Bouche bée, elle effectue un tour sur elle même, contemplant les étendues qui s'offrent à elle. Enfin, alors qu'elle finit sa révolution, ses yeux s'arrêtent sur un chalet, nichée au milieu des arbres. De là où elle est, elle peut presque sentir la chaleur de la cheminée d'où s'extirpe un panache de fumée...

Petite souris s'est faite attraper... (Callie) Cabin_10

Où sommes nous ?
Chez moi ... enfin dans un chalet que nous avons acheté avec mon frère... Notre petit coin de paradis reculé... à l'abri du reste du monde...
Votre garçonnière où vous amenez toutes vos conquêtes en résumé ?

Le mordant de son ton est explicite. Le sourire du japonais s'attendrit tandis qu'il reprend sa main et la guide vers la porte d'entrée, restant de dos pour l'observer...

Il n'y a que la famille qui ait jamais mis les pieds ici ... Vous êtes la première personne à entrer dans ce sanctuaire...

D'un geste, il ouvre la porte d'entrée. Une boule de poils joyeuse s'échappe, sautant partout, tentant de lécher chaque parcelle de peau humaine passant à sa portée. Callie, attendrie par le petit épagneul s'agenouille. Aussitôt, le chien fuit dans la direction opposé pour courir comme un dératé dans la neige, sur le chemin.

Petite souris s'est faite attraper... (Callie) Explor10

Baka !! Reviens !
Comment s'appelle-t-il ?

San renonce à rattraper le chien qui connait bien les alentours et ne tardera pas à revenir, la neige étant bien inconfortable sous ses coussinets à côté du moelleux du tapis du salon. Tout en riant de sa question, il la fait entrer.

C'est ma nièce, Suki, qui l'a baptisé... Baka... crétin en japonais... elle ne le savait pas à l'époque mais ses parents et moi passions nos vies à l'appeler ainsi quand il était chiot avec toutes ses bêtises !

Il la débarrasse de sa veste qu'il accroche à un porte manteau. Pendant que lui même se débarrasse de son équipement de moto avec des gestes rapides est précis, révélant un jean sombre surmonté d'un coll roulé noir mettant en avant son torse musclé et ses yeux pétillants de bonheur de la voir ainsi découvrir le salon tout orné de bois, à l'image parfaite que l'on se fait d'un chalet. Tout un pan de mur, face à eux, est occupé par une large cheminée où flambe un bon feu qui l'attire irrémédiablement.

Quand avez vous ... ?
Hier et cette nuit... J'ai passé ces derniers jours à faire des allers et retours entre deux sessions de travail pour vous préparer ce petit intermède... Maintenant, pas de patron, pas d'impératif, tout le temps devant nous pour faire connaissance !

Ambiance ...

Les mains tendues vers les flammes pour récupérer un peu de chaleur, Callie regarde étonnée le décor de ce chalet perdu en pleine montagne. C'est un endroit parfait pour oublier le travail .... Tout y est si conviviale qu' il y est facile de se laisser aller à la douce chaleur que procure cette ambiance . Que se soit en compagnie des siens ou en amoureux ...

Les images qui viennent de traverser son esprit font monter le rouge aux joues de la jeune femme ... Reportant son regard sur les flammes qui crépitent joyeusement dans la cheminée, elle s'interroge sur les intentions réelles de Saniiro ...
Il est trop tôt pour que quoique ce soit se passe entre eux et pourtant elle ne peut empêcher son cœur de battre la chamade en pensant qu'il à fait tout ces efforts pour elle ....

Perdue dans ses pensées, elle sursaute soudain quand apparait devant elle une tasse de café fumante.

Tenez je crois que vous en avez besoin ...
Ho oui alors !!! Merci ...

Fermant les yeux en trempant ses lèvres dans le breuvage, elle ne peut s'empecher de pousser un soupir de contentement, ce qui déclenche un éclat de rire de la part de son hôte.

Toujours accro à la caféine à ce que je vois !!!
Je plaide coupable .... C'est une de mes nombreuse faiblesses ...
Et quelle sont les autres ?
Une femme doit savoir garder son mystère mon cher ...

Amusé, Saniiro lui montre l'un des canapés qui entourent l'âtre et invite la jeune femme à s'asseoir.

Alors êtes vous contente de ma surprise ?
Vous voulez dire mis à part l'enlèvement, la chute dans la neige, le froid et ce genre de petits détails ?

La grimace du jeune homme déclenche le rire en cascade de la jeune femme qui remplis la pièce comme une douce musique.

Oui je suis ravie de ce petit intermède et je vous remercie mais je me pose quand même quelques petites questions ....
Lesquelles ?
Pourquoi moi ? N'allez pas croire que je ne sois pas heureuse de cette adorable attention à mon égard mais je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi moi, une simple petite secrétaire alors que vous pourriez avoir beaucoup mieux ....

Se calant dans les coussins du canapés, Saniiro prend le temps de boire une gorgée de café avant de répondre. Quand il le fait, ses yeux ont une lueur que la jeune femme n'arrive pas à déchiffrer.

Je pourrais vous dire que vous êtes la plus belle femme que j'ai jamais vu mais je mentirais ... Sans vouloir vous vexer bien entendu ...
Aucuns problèmes ...
Vous êtes une femme magnifique mais il est vrai qu'il y a plus belle que vous. Mais il y a chez vous ce petit quelque chose qui m'intrigue et je n'arrive toujours pas à savoir ce que c'esti .... C'est pourquoi je vous ai invité ici pour apprendre à mieux vous connaitre et découvrir ce qui chez vous vous rend différente des autres ....
Voilà qui à le mérite d'être franc et j'apprecis .... Alors allez y posez moi autant de questions que vous voulez et j'essaierais d'y répondre le plus sincèrement possible ...

C'est donc dans une ambiance complice et amicale qu'ils passèrent le reste de la journée. Les tasses de cafés se succédèrent les unes aux autres et entre éclats de rire et confidences, ils apprirent tout les deux à mieux se connaitre.
Pour la jeune femme, cet instant fut merveilleux et quand il fut l'heure de repartir vers la grosse pomme, c'est le coeur sérré qu'elle regarda une dernière fois ce petit paradis. Qui sait si elle reviendra un jour ...

Le trajet du retour fut plus calme que celui de l'aller et c'est avec soulagement que la jeune femme vit les tours de GOS . C'est complètement fourbue qu'elle descend de la moto et lui tend le casque avec un petit sourire.

Et bien merci pour la balade et pour le reste ....

Saniiro fixe quelques instant la jeune femme campée sur le trottoir et enlève lentement son casque sans la quitter des yeux. Quand il se penche vers elle pour déposer un baiser à la commissure des ses lèvres, la jeune femme ne sait comment réagir et reste à le contempler avec des yeux ronds.

Merci à vous ...

Et remettant rapidement son casque, il fit vrombir sa puissante machine et s'éloigne rapidement dans un bruit d'enfer. Callie, encore sous le charme de cette douce caresse revient lentement sur terre ....
Elle doit à tout prix garder la tête froide et ne pas se faire des idées.

Ce qui venait de se passer à l'instant ne signifiait rien et pourtant ....